Clouzot à l’épreuve de la modernité

En 1964 Henry Georges Clouzot (HGC) tourne l’Enfer, un film maudit qui restera à jamais inachevé. L’Enfer d’Henry Georges Clouzot, sorti en salle le 11 novembre dernier, est un documentaire plein d’humilité réalisé par Serge Bromberg et Ruxandra Medrea qui ont réuni et monté les images d’archive, interviews, rushs, essais, et prises de son du tournage de l’Enfer, et fait rejouer certaines scènes manquantes (interprétées par Bérénice Béjo et Jacques Gamblin).

Ce documentaire, très pudique et respectueux du travail d’origine, rend visible et vivant pour la première fois, cette oeuvre inachevée, monumentale. Monumentale, non pas parce que Romy, devenue icône, est filmée nue, ligotée à des rails (ce qui semble avoir attiré l’attention de la majorité des magazines de « cinéma »), ou encore parce qu’il livre les secrets d’un tournage chaotique qui a tourné au cauchemar (psychopathie d’un cinéaste à la dérive, délires érotico- maniaques…) mais bien parce qu’il s’agit d’une oeuvre historique, représentative d’un certain type de cinéma qui naît au début des années soixante. En Europe à cette époque, certains réalisateurs bousculent le cinéma traditionnel et un cinéma “nouveau”, dévoré par l’imaginaire, voit le jour. L’Enfer, c’est la mort d’un film né dans une période d’entre- deux, tiraillé entre l’appartenance de fait à un cinéma plus traditionnel et l’aspiration grandissante à un cinéma “moderne” qui expérimente la forme et se détache des codes de narration traditionnels Hollywoodiens (les personnages et leurs « enjeux/obstacles » sont dorénavant assumés comme étant à l’image du réalisateur). C’est un “monument” aux morts du 7ème art, qui vient rappeler que la réforme cinématographique s’opère aussi dans la douleur et le sacrifice.

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Juan Munoz

Un passage estival à Madrid fut l’occasion de découvrir le musée Reina Sofia qui abritait une superbe rétrospective consacrée à un artiste espagnol, mort il y a peu, Juan Munoz. Né à Madrid en 1953, il s’est énormément imprégné de la culture espagnole mais aussi de l’influence des scènes de New York et de Londres où il avait voyagé. Il devint un artiste majeur dans les années 80 et reste considéré comme l’un des artistes les plus marquants de sa génération. Et l’on pourrait ne pas connaître les autres comparses qui composent cette « génération », on s’accorderait malgré tout sur l’usage du superlatif tant cet artiste nous parle, nous touche, nous intéresse, nous interpelle.

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